En ce 18 décembre 2013, journée d’action globale contre le racisme et pour les droits des migrants réfugiés et des personnes déplacées, Keen ass illegal / Personne n’est illégal tient à réaffirmer son engagement en vue de la construction d’une société plus juste et plus inclusive. Nous continuons de protester contre l’existence du centre fermé pour étrangers qui a ouvert ses portes il y a plus de deux ans de cela au Luxembourg. En tant que pays multiculturel, situé au carrefour de nombreux pays européens, le Luxembourg est confronté depuis de nombreuses décennies à la nécessité de faire cohabiter des personnes issues de différentes nationalités.
Cette diversité est encouragée par l’état qui a su mettre en place de nombreuses mesures afin de favoriser l’intégration de personnes immigrées dans plusieurs domaines (campagnes d’information, programmes d’inclusion scolaires, cours de langue… etc). Pourtant on constate qu’en parallèle de ces actions positives, le Luxembourg a commencé à s’engager ces dernières années dans une politique migratoire qui s’inspire fortement de l’approche globale menée par l’Union Européenne. Contrairement aux politiques européennes qui, une dizaine d’années plus tôt encourageaient les états membres à se concentrer sur des stratégies d’intégrations, l’approche dite globale est clairement axée sur le contrôle des flux migratoires. Cette approche rompt avec l’idée d’une intégration fondée sur l’acceptation mutuelle entre la société d’accueil et les migrants, et considère les flux migratoires comme des menaces potentielles pour les états-nations.
Nous connaissons tous les effets déplorables de cette approche pénale et sécuritaire, qui a pour seul objectif de lutter contre l’immigration irrégulière. Si le drame de Lampedusa a frappé les esprits, c’est qu’il illustre de façon éclatante l’absurdité et l’inhumanité d’une telle politique. Tandis que des milliers de migrants meurent chaque année aux portes de l’Europe, d’autres sont parqués dans des camps et privés de leur liberté de mouvement. Même s’il prend diverses formes selon les pays, l’emprisonnement des migrants dans des centres qui leur sont spécialement dédiés (centres de rétentions) se généralise au point que La Cimade évoque aujourd’hui une véritable industrialisation de la rétention. Cette industrialisation se manifeste à travers des pratiques d’enfermement systématiques et d’expulsions qui font des centres de rétention de véritables modes de gestion de l’immigration.
Si l’on en croit les statistiques de la Direction de l’administration luxembourgeoise, 582 ressortissants des pays tiers ont fait l’objet d’une mesure de retour vers leur pays d’origine durant l’année 2011. Parmi ces personnes, 58 ont été expulsées de force ou après avoir passé une ou plusieurs semaines dans le centre de rétention. Keen ass illegal / Personne n’est illégal a recueilli le témoignage de certains de ces détenus qui relatent des conditions de rétention de type carcéral et qui pour certains d’entre eux, ont été expulsés et laissés à des centaines, voire des milliers de kilomètres de leur ville d’origine!!
En ce jour du 18 décembre, nous nous opposons au système de déportation mis en place partout en Europe en collaboration avec l’agence européenne FRONTEX, et aux politiques sécuritaires qui enferment les migrants. Liberté de circulation! Non aux centres fermés et aux expulsions!
Sandie Richard
au nom de Personne n’est illégal – Luxembourg
Keen ass illégal / Personne n’est illégal est un groupe activiste indépendant au Luxembourg qui milite pour les droits des migrants et pour la liberté universelle de mouvement, à travers des campagnes de sensibilisation et des activités culturelles.
Sandie Richard est assistante sociale, activiste pour les droits de l’homme, et membre organisatrice de Personne n’est illégal.